21 Janvier 2021
image d'illustration: G CHP, CC BY-SA 2.5 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5>, via Wikimedia Commons Photo retouchée.
L'enclenchement par Toc.
N'y voyez aucun lien ni avec le toc de la porte d'entrée ni avec le TOC du trouble obsessionnel compulsif!
Dans les gares de voie directe équipées en signalisation mécanique, l’enclenchement entre l’avertissement et le sémaphore était réalisé par un toc (1). Le toc est une équerre métallique qui prend appui sur un levier et qui se prolonge horizontalement pour venir buter derrière le levier adjacent de telle sorte que le levier qui porte le toc ne peut pas être renversé si le levier adjacent est en position normale. Cet enclenchement sert à matérialiser les conditions de mouvement des leviers.
(1) l'enclenchement par toc n'est pas seulement utilisé dans les gares de voie directe.
Ci-après sa représentation schématisée.
Pour permettre sa réalisation, l’ordre de positionnement des leviers dans le poste de ces gares tient compte de cet impératif de proximité puisque l’on a de gauche à droite les leviers suivants :
Aubine, Disque ; Avertissement ; Sémaphore, verrou d’aiguille ; aiguille ; autre aiguille ; verrou ; Sémaphore ; avertissement ; disque, Aubine.
Quand on veut enclencher deux leviers, il faut tenir compte des combinaisons possibles de ces leviers (4 combinaisons pour deux leviers, 8 pour trois etc.) Considérons que le levier qui manœuvre l’avertissement est le n°3 et celui du sémaphore le n°4. Considérons aussi que la position normale est représentée par le signe + et la position renversée par le signe - .
Les quatre combinaisons possibles sont
1) 3+ 4+ position normale des leviers: les deux signaux sont fermés.
2) 3+ 4- position possible: l'avertissement est fermé, le sémaphore est ouvert.
3) 3- 4+ position à interdire : L'avertissement est ouvert, le sémaphore est fermé
4) 3- 4- position d’ouverture des deux signaux
La 3ième est bien-sûr la position à interdire car dangereuse pour les circulations : avertissement ouvert et sémaphore fermé. A noter que seules deux combinaisons sur les trois restantes précèdent immédiatement, dans l’ordre de manœuvre des leviers, celle à interdire. En effet la seconde ne permet pas de passer directement à la troisième puisqu’il faut passer par une étape intermédiaire, la première ou la quatrième. C’est donc la position des leviers des combinaisons 1 et 4 qu’il faut enclencher pour interdire l’incompatibilité recherchée : 3- 4+
Le toc remplit parfaitement cette mission en s’opposant à la réalisation de la combinaison 3 aussi bien lorsque les leviers sont en position normale qu’en position renversée. C’est également plus fonctionnel pour l’opérateur qui n’a pas à manœuvrer des serrures à clés ou des enclenchements par serrure centrale. C’est transparent pour lui et en même temps robuste et économique.
Il est indiqué, dans le livre de Roger Rétiveau sur la signalisation ferroviaire, la possibilité d’un enclenchement par toc agissant sur 3 leviers. Je n’en ai jamais rencontré dans ma carrière (il faut dire que j’ai plus côtoyé les PRS, PRG et les PRCI) et comme le livre en question ne donne aucun cas d’application, j’en suis réduit à faire quelques hypothèses pour trouver des cas de figure où il serait utilisable.
En voici quelques uns que j'imagine :
- Sur une ligne de voie unique où se trouve un embranchement particulier on pourrait trouver une installation de ce type.
La ligne du bas représente la voie principale. L'aiguille 1 est normalement verrouillée dans la position où elle assure la continuité de la voie unique (à gauche). Le taquet protège la voie principale d'une dérive de wagons de l'EP. Si on met le levier du taquet au milieu, porteur des deux branches du TOC et que l'on enclenche le levier du verrou avec une serrure à pêne saillant et une clé maitresse transportée par l'agent de desserte (cas de ligne à VUSS), le taquet ne pourra être manœuvré que lorsque le verrou aura été retiré et le levier de l'aiguille 1 renversé. Comme le train est annoncé à la gare suivante porteur de la clé maîtresse, la remise de cette clé à l'arrivée de la gare suivante donnera l'assurance à l'AC que la continuité de la voie principale est assurée et que le taquet est levé.
Autant le cas que je viens de décrire me semble tout à fait concevable, autant je suis plus réservé pour les autres exemples compte tenu qu'ils impliquent la présence d'un carré. Je ne suis donc pas sûr que ces cas de figure soient très réalistes mais le principe d'enclenchement est, par contre, respecté.
- carré protégeant deux aiguilles prises en talon (le levier du carré serait au milieu des trois). J'ai représenté un carré à damier mais dans les cas présentés, il s'agirait plutôt d'un carré violet.
- carré protégeant un taquet avec une aiguille prise en talon.
Le carré 1 ne pourrait être ouvert que si le taquet était renversé et l’aiguille 1 mise en position à droite. Le levier du carré étant au milieu et portant les deux tocs.
- carré protégeant une aiguille en talon dotée d’un verrou.
Le carré 1 ne pourrait être ouvert que si le verrou était retiré et l’aiguille disposée à droite. Le levier du carré étant au milieu et portant les deux tocs
Si certains d’entre vous ont rencontré ce type de Toc qui enclenche 3 leviers, ou si ils voient d’autres cas applicables, ou bien encore si les exemples mettant en œuvre des carrés ne leur semblent pas réalistes, merci de m’en faire part en commentaires pour que l'on échange.