L'autorail Michelin de 56 places

Image d’illustration Bulletin PLM 11/1935 auteur inconnu site Gallica

Sources RGCF 11/1935, 10/1935, revue SIA ingénieurs de l’automobile Novembre 1934, le monde colonial illustré 1936 Loco revue 520 Novembre 1989, Ferrovissime n°3 mars 2008, Bulletin PLM 9/1935 11/1935, 11/1936, 11/1937. Sites RetroNews et  gallica.bnf.fr / BnF.  La Locomotion moderne 1950 livre personnel.

Micheline 56 places Types 21 et 22

Comment ne pas aimer ce type de  Micheline quand on la voit rouler dans ce cadre grandiose, la ligne de Grenoble à Digne. C’est peut-être pour cela que parmi toutes les Michelines construites, celle-là est ma préférée.

Parmi la cinquantaine de Michelin à 56 places, on trouvait 3 types différents :

- le type 20 apparu en 1934 avec un kiosque central, des portes aux extrémités, et des ouïes latérales sur certains autorails.

- le type 21,  apparu en 1935, a été  livré à l’Etat à une quinzaine d’exemplaires (ZZy24271 à 24284), au  PLM à partir de 1935 ( ZZR 1à 6) et en 1936 au PO/Midi (23705 à 707). Ces engins étaient du type 1C+4 c'est-à-dire un bogie moteur dont 3 essieux moteur + 1porteur et un bogie porteur. Un kiosque profilé surélevé était placé sur le côté.

Le Nord a reçu également à partir de 1937 six autorails de type 21 (ZZ51 à 56) dont les deux premiers exemplaires avaient un kiosque central comme sur le type 20.

- Le type 22, apparu en 1936, a été livré à l’Est (ZZABsCEty 54001 à 54006) parmi lesquels un exemplaire est conservé à la cité du train de Mulhouse. Ces engins étaient aménagés en classes mixtes comme on peut le voir sur les inscriptions latérales de la photo ci-dessous. Le type 22 a aussi été livré à l’Etat à 8 exemplaires (ZZy 24288 à 295). Ces autorails étaient de type 1B1 + 4 soit 1 bogie moteur composé de deux essieux porteurs qui encadraient deux essieux moteurs plus 4 essieux porteurs.

Caractéristiques des Michelines 56 places.

A) les dimensions et les places offertes

D’une longueur de 17,37mètres pour un poids à vide de 9,9t en ordre de marche (16 tonnes en charge et 8tonnes à vide), l’autorail Michelin pouvait transporter 56 voyageurs dans les configurations suivantes :

- l’aménagement classique était de 46 places en banquettes 2 +2 et de 8 places en strapontins. Vingt voyageurs debout pouvaient s’ajouter dans les cas d’affluence.

- sur l’EST, un aménagement en classes mixtes était offert : 10 places en 1^ère 2^nde et  36 places en 3^ième plus 8 strapontins.

Le compartiment fourgon pouvait transporter 850kg de bagages/colis. Voici une vue de l’intérieur mais du type 20 (portes aux extrémités).

B) Caisse et Châssis

La capacité d’emport augmentant, Michelin avait abandonné  le type de construction ultraléger qu’il avait utilisé pour les modèles précédents. Le châssis était en acier spécial soudé et rivé. Il reposait sur deux bogies avec des semelles de caoutchouc intercalées. La carrosserie, quant à elle, était constituée de panneaux d’aluminium démontables.  Malgré le renforcement des structures, le poids mort par voyageurs n’était que de 141 kg soit un poids identique aux autocars alors qu’il approchait les 1000kgs pour le chemin de fer plus classique.

C) Les bogies/essieux

L’autorail Michelin de 56 places avait 2 bogies de 4 essieux soit 16 roues. Ce nombre important de roues trouvait sa justification dans la limite de poids que pouvait supporter, sans dommages, un pneumatique à savoir 1000kg.  Les roues étaient équipées d’un bandage pneumatique Michelin de 125 x 610 gonflé à 6,5kg. A l’intérieur de l’enveloppe, un dispositif (butée) limitait à 1 cm l’affaissement de la roue en cas de crevaison. Un boudin en acier assurait le guidage. Celui-ci était rendu insonore grâce à l’interposition de plaques de caoutchouc ;

Seul le bogie avant était moteur. Dans la configuration du type 21, le bogie avant comportait un pont moteur sur le 3^ème essieu qui était relié par chaînes aux 2^ième et 4^ième essieu. Dans le type 22, ce sont les deux essieux du centre qui étaient moteurs.

Ci-dessous une vue du bogie à gauche et à droite le frotteur pour le bon fonctionnement des circuits de voie.

D) Le groupe moteur.

Le moteur était un Hispano-Suiza de 12 cylindres en V de 11,3 litres de cylindrée  (100 x120) développant une puissance de 250 ch à 3000tours/mn (ou 240 ch et même 230 ch selon les sources). La transmission était du type automobile avec un embrayage à sec et une boîte de 4 vitesses plus une marche arrière. L’arbre à cardan attaquait le troisième essieu de l’avant qui était relié par chaînes avec les deux essieux encadrants.

E) Freinage/attelage

Ces autorails étaient équipés d’un frein oléopneumatique Westinghouse agissant sur 6 essieux (1, 2, 3, 4,5 et 8). Le conducteur pouvant agir grâce à une pompe Westinghouse directement sur les deux autres essieux (les 6 et 7). Les engins étaient jumelables par l’extrémité arrière.

F) Performances.

La vitesse limite était fixée à 105km/h. Les performances étaient plutôt recherchées en accélération et freinage compte tenu de la vocation de ces autorails aux dessertes omnibus.

Il ne fallait que 800 mètres pour atteindre 80km/h. L’arrêt à cette vitesse était obtenu en 120 mètres sur rail mouillé et à moins de 100 mètres sur rail sec soit 8 fois moins qu’un train ordinaire.

Le PLM les avait testés en rampe et avait obtenu les résultats suivants :

- la vitesse de 70km/h en rampe de 25mm/m  était atteinte en 84 secondes

- l’arrêt à cette vitesse de 70km/h en pente de 25mm/m était obtenu en 80 mètres.

Ces bons résultats avaient conduit le PLM à choisir la Micheline de 56 places pour assurer la desserte à profil difficile de Grenoble Digne.