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Cheminot Transport

L'autorail Billard A 135 D1

Image d’illustration : Autorail 502, type A 135 D1, sur les C.F.D. à Ligueil, en 1937 site CFD https://www.cfd.fr/.

 

Source :    Le Monde Colonial 1936 site Gallica.bnf.fr/BnF , Loco revue N°135 décembre 1954, Rapports et délibérations du Conseil Général d’Indre et Loire annexes 1936 et décembre 1936 site Gallica.bnf.fr/BnF, Site CFD https://www.cfd.fr/documents/exemples-de-differents-modeles-dautorail-billard

 

 

Autorail Billard A135 D1

 

Créée en 1920, la société Billard orientait rapidement sa production vers  la construction d’engins ferroviaires comme les locotracteurs et les draisines. Au début des années 1930, alors que l’autorail commençait à devenir un marché émergent, l’entreprise Billard décidait de se spécialiser dans les automotrices à voie métrique pour les chemins de fer secondaires.

Les grands principes que retenait ce constructeur pour caractériser ces différents modèles avaient trait à :

- la recherche d’un allégement maximum du matériel afin de gagner en consommation et en maintenance. D’autre part, la contrainte de la maîtrise du poids sur ces réseaux secondaires revêtait un aspect primordial compte tenu de l’armement des voies et de leur entretien.

-  la construction d’un plancher surbaissé dont les avantages  étaient multiples. On peut citer la facilité d’accès pour les voyageurs, un maître-couple moins important d’où une moindre résistance aérodynamique à l’avancement et enfin une stabilité d’autant plus grande que le centre de gravité s’en trouvait abaissé. De façon plus subjective, on peut aussi trouver que cette « taille basse » contribuait à les rendre plus agréable à regarder.

- l’étude soignée des mécanismes de suspension tant sur le plan vertical que transversal afin de pallier l’état irrégulier des voies et de permettre la réalisation de vitesses supérieures à celles pour lesquelles ces voies avaient été initialement prévues.

- l’installation sur un seul bogie de tout le groupe moteur dont l’objectif était double ; préserver les voyageurs de tout inconfort dû aux vibrations et au bruit et d’autre part faciliter la maintenance en cas d’avarie par un simple changement du bogie moteur.

Ces concepts, dont certains très novateurs, appliqués à toute la famille des Billard à bogies en feront des autorails réputés et fiables.

Pour ce premier descriptif des modèles de ce constructeur, commençons par l’A 135D1 , moins connu que l’A80D, mais tout aussi intéressant même s’il n’a pas connu un niveau de production très élevé.

 

L’A135D

Le Monde Colonial 1936 site Gallica.bnf.fr/BnF

Le 12 septembre 1934, Les CFD (Compagnie des Chemins de fer Départementaux) commandait à l’entreprise Billard 3 exemplaires d’une série destinée au réseau Sud de l’Indre et Loire. Au premier trimestre 1935, les autorails étaient livrés avec les numéros N° 501 à 503.

Caractéristiques générales

D’une longueur de 12,05 mètres et d’une largeur de 2,4 mètres pour une tare de 11 tonnes, l’A 135 D1 transportait confortablement 36 voyageurs assis sur des banquettes en cuir.

Comme je l’ai indiqué dans l’introduction, une des caractéristiques de cet autorail résidait dans  la hauteur réduite qui ne dépassait pas 2,7 mètres au dessus du rail.

Le groupe moteur était composé d’un Diesel Berliet MDK à 6 cylindres en ligne développant 135 chevaux à 1500 tours /mn. La consommation, relativement sobre, ne dépassait pas 25 litres au 100 kilomètres. La boîte de vitesse comportait 4 rapports dont la commande des baladeurs s’effectuait par des leviers individuels. La commande de l’inverseur était réalisée au moyen d’un levier amovible utilisable sur l’un ou l’autre des deux postes de conduite.

Le système de freinage s’appuyait sur trois dispositifs distincts :

- le frein de service à air comprimé,

- un frein à main à volant situé à proximité du conducteur afin qu’il puisse l’utiliser en appoint du frein direct dans les longues descentes.

- un frein électromagnétique d’urgence à 4 patins situés entre les roues des bogies dont la commande s'effectuait depuis le pupitre de conduite par un bouton.

Avec l’effet combiné de ces dispositifs, un Billard A 135 D lancé à 50 kilomètres/ heure pouvait s’arrêter en 35 mètres.

Les performances en termes de vitesse s’établissaient à 70 km/h en palier et à 50 km/h en rampe de 25mm/mètre.

Pour 163 000 francs en 1935, vous pouviez être l’heureux propriétaire d’une automotrice Billard A 135 D.

Essais, mise en service, Carrière

L’exemplaire n°501 sortait d’usine le 10 janvier 1935 et faisait ses premiers tours de roue sur le parcours d’Esvres à Ligueil avant de rejoindre Laroche-Migennes où il devait être soumis à une série de tests. J’ai retrouvé dans le Loco-revue n° 135 de décembre 1954 le compte rendu de ces essais. Le voici :

Rapports et délibérations du Conseil Général d’Indre et Loire 1936 site Gallica.bnf.fr/BnF

D’autres essais ont été menés sur la ligne « Le Blanc-Argent » avant que le 501 assure son service commercial fin février 1935 sur Ligueil, bientôt rejoint par les deux autres exemplaires. La photo ci-dessous a été prise en gare de Ligueil. Je remercie le CFD de m’avoir autorisé à reproduire cette photo qui figure sur leur site dont je vous recommande la visite https://www.cfd.fr/materiel-ferroviaire/locomotives

Autorail 502, type A 135 D1, sur les C.F.D. à Ligueil, en 1937 https://www.cfd.fr/documents/exemples-de-differents-modeles-dautorail-billard

Une fois les trois automotrices livrées, elles ont été affectées, selon le rapport du conseil général de l’Indre et Loire de 1936, à trois sections de ligne distinctes :

- Grand-Pressigny- Ligueil-Esvres

- Ligueil – Loches

- Loches –Ecueillé.

Ce même rapport du Conseil Général faisait état de la situation insatisfaisante du point de vue de l’exploitation de ce matériel car il était utilisé de façon beaucoup trop intensive du fait de l’absence de réserve. On peut en déduire une grande fiabilité car, malgré cette sollicitation anormale, il assurait un service sans faille. En voici le texte

Rapports et délibérations du Conseil Général d’Indre et Loire 1936 site Gallica.bnf.fr/BnF

En 12/1936 le Conseil Général votait l’autorisation d’achat, à la société Billard, de deux automotrices supplémentaires de 80 chevaux pour venir renforcer le matériel en service sur ces lignes.

Quel a été la suite de la carrière des trois A 135 D1 ?

Le 503 a été victime d’une collision avec un locotracteur le 19 juillet 1949.  Les deux autres exemplaires ont été vendus en 1952 au réseau RTM des Pays Bas pour desservir le delta du Rhin au départ de Rotterdam. Le n° 502 a été, à cette occasion, transformé en remorque. Ce service sera assuré jusqu’en 1964.

Ces autorails à la bouille sympathique qui avaient pourtant été affublés du surnom de porcinets, ont fini leurs carrières à la ferraille loin de la ville de Tours où ils avaient été construits.

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